9 Mai 2021
Pour cette interview numéro 39, je vous emmène dans la région Rhône-Alpes, découvrir un adepte de la pêche au lancer (pour une fois cela change), mais qui n'hésite pas à faire quelques dérives avec une canne anglaise dédiée à la pêche aux appâts. Cet inconditionnel de la traque des grosses Fario, n'hésite pas à parcourir les grandes rivières Françaises à bord de son Van. Globe trotteur, passionné et amoureux de la belle Dame aux points rouge, Samuel ne pouvait que vous transmettre un peu de sa passion en répondant à cette interview du pêcheur. Je ne peux que le remercier pleinement de sa participation et lui glisser les mots suivants "A quand ta venue dans mon beau pays Diois ?"
Je finirais en vous disant que je vous laisse, vous imprégnez de l'univers de ce pêcheur atypique et passionnant et je vous souhaite une bonne lecture....
Vilo Samuel alias “trutta13NRV”
34 ans
Vendeur
73 Savoie
Cela fait 4 années depuis mon déménagement donc réellement depuis mes 30 ans même si j’ai pêché tout jeune, mais seulement une ou 2 fois par an en vacances ou à l'occasion, avec des amis.
Elle me vient inconsciemment de mon grand-père qui était pêcheur de mer, mais l’ayant que trop peu connu, je ne peux pas vraiment dire que cette passion m’a été transmise par lui, mais plutôt par le plaisir qu'elle me procure quand je suis au bord de l’eau.
Je devais avoir 4 ou 5 ans si on peut appeler cela de la pêche ….
La pêche à la truite.
La pêche aux leurres.
La cuillère
J’utilise des boîtes de rangement classique que l’on peut trouver dans n’importe quel commerce en général en plastique et compartimentés.
De temps en temps un petit peu de pêche en dérive aux appâts naturels ou en nymphe mais c’est vraiment très rare …
La truite bien sûr.
Au départ, je préférais pêcher seul mais le partage et la convivialité font partie de la pêche et maintenant je préfère pêcher à deux, c’est beaucoup plus sympa. L’autre raison, c’est que j’ai perdu beaucoup trop de poissons trophées parce que j'étais seul, une aide précieuse m’aurait permis de ne pas pleurer plusieurs fois au bord de l'eau …
Tout commence par le respect de l’environnement dans lequel on se trouve et bien sûr des habitants du milieu dans lequel on pêche, c'est la clé de beaucoup de problèmes.
Amoureux de paysages et de nature, je pense que peu importe le pêcheur que l’on est: truite, carpe, carnassier, mer, on se doit d’œuvrer chaque jour pour la nature, ce n’est pas une richesse inépuisable, la preuve chaque jours avec des problèmes récurrents de climat, de pollutions, de dégâts, et j’en passe. Le reste n’est que futilité … tout ce que tu donnes à la nature elle te le rend j’en suis convaincu !!
Oui, vraiment rarement, mais oui.
Je les monte moi-même et c’est plutôt sympa.
J’en viens de plus en plus à pêcher des rivières conséquentes voir très conséquentes, pour une question pratique déjà puis aussi pour la recherche de nouveaux horizons et de nouvelles sensations, d’autres techniques et lecture d’eau différentes mais je prends du plaisir dans n’importe quel cours d’eau, du plus petit ravin au plus grand fleuve.
Pour le côté déroutant que procurent les grands cours d’eau puissants, on attaque pas ce genre de rivières comme on attaque un ruisseau de montagne même si comme dit juste au-dessus, j'apprécie également le profil et les paysages sublimes des petits cours d’eau. J’aime également la difficulté, pour moi les grandes rivières sont plus difficiles à cerner que les petits ruisseaux qui possèdent en général des postes plus marqués.
Je n’ai pas de rivière de cœur, j’ai pris du plaisir dans tous les cours d’eau où j’ai eu la chance de pêcher. J’ai trouvé du poisson de partout, de la plénitude et de l'évasion à chaque lancer au bord de l’eau.
Pour ce qui est du profil, plutôt des rivières à grand méandres pas forcément très profondes mais avec un fond rempli de secrets...
La liste est longue, très longue, j'aime la découverte : 73 74 39 06 04 42 07 05 26 38 83 13 84 48 30. Il me reste encore quelques régions à aller gratter je l’espère.
Dès que j’ai du temps libre, ayant un emploi du temps variable, je pêche quand celui-ci me le permet.
Aucune préférence, tout dépend de la saison, j'essaie d’adapter mes heures de sorties en fonction des conditions climatiques du moment, du débit, de la situation géographique, ainsi que du profil du parcours choisi.
Idem, pas de mois de prédilection, il suffit de pêcher intelligemment en adaptant la recherche du secteur en fonction des paramètres cités juste au-dessus (climat, profil, températures, débit, situation géographique), mais si je devais vraiment choisir je dirais que mes plus belles sorties se font au printemps et à l’automne.
Disons que je ne recherche pas forcement de gros poissons mais en pêchant des rivières conséquentes, je suis forcément confronté à des poissons hors du commun. Après la taille du poisson c’est une question chance, il n’y a pas de loi en pêchant à la cuillère, même sur de grosses cuillères, tu peux toucher des poissons de 25 cm. Il est impossible de sélectionner le gabarit d’une truite, cela dépend vraiment du milieu dans lequel je pêche, si la moyenne de la rivière est à 40 cm, tu as forcément plus de chance de pêcher de beaux poissons, mais pour faire court, ma maille, c’est 50 cm pour une truite, même si des fois, il faut se contenter de peu.
Je prends également un réel plaisir à pêcher des petits ruisseaux ou canyons magiques pour y trouver des poissons pure souche avec des robes et des paysages à couper le souffle. Ce que je recherche avant tout dans la pêche c’est l'évasion et le partage, la pêche est un jeu qui me fascine.
Le même ensemble que toi Serge, une canne wixom 9 220m de chez décathlon en 7-21 g et un moulinet jaguar tsurinoya 2000 de chez Aliexpress après bien sûr, j’ai d’autres cannes et moulinets pour les différents milieux que je pratique plus gros ou plus petit en plage de puissance et en taille.
J’ai déjà possédé du matériel très haut de gamme, un moulinet Stella en taille 2500 et une canne Shinano lesath 240 en 7-28 g, mais ce matériel ne me correspond pas. Du coup, j’ai tout revendu pour faire un ou des heureux.
Anglaise
Spinning
Caperlan
Oui
Nylon Teklon gold même s’ils l’ont arrêté à l'heure d’aujourd'hui mais j’avais 2000m d’avance … et pour le Bdl, j’en mets rarement mais si je dois en mettre, c’est du Powerline.
Je suis en général tout en nylon, j’adapte le diamètre suivant la rivière que je pêche. J’utilise du nylon au lieu d’une tresse, car la tresse reste beaucoup moins élastique que le fil nylon. Sur des attaques franches, j’ai pas mal de décrocher, du coup je préfère l’élasticité du nylon pour un leurre comme la cuillère ou on anime très peu, c’est une question d’habitude.
Idem suivant le milieu où je pêche je vais adapter mon diamètre de ligne (nylon), il faut se donner les moyens de ses ambitions, quand je pêche sur des rivières supérieures à 50 m de large avec parfois de gros débits ce n’est même pas la peine de se dire de pêcher “fin” tu perds toutes les truites que tu vas toucher du moment que cela passe les 60 cm. Pour éviter d'être frustré, je peux être équipé en 16 voire 14/100 en ruisseau et cela monte sur du 22 ou 24/100 sur de grosses rivières …Et toujours avec un émerillon de 1 ou 2 pour éviter le vrillage du nylon.
Épuisette de chez Bruno Rota le tavernier et de très grandes tailles si possible, c’est obligatoire !!
Aucun des deux, une combinaison de plongée en règle générale, 5 mm à l'ouverture et 3mm dès les beaux jours, c’est beaucoup plus pratique, cela coûte moins cher, et il n’y a pas de problèmes de fuites ou de déchirures. Cela m’arrive également de pêcher en short /basket vraiment en plein été sur de l’étiage.
En général sans ardillons surtout quand c’est très mordeur.
J’ai rarement tué des poissons avec des ardillons, du moins je ne pense pas, mais j’estime qu' il vaut mieux passer sans ardillons même si pour moi, je perds quand même un peu plus de poissons qu’avec. Je préfère perdre un poisson et ne pas l'abîmer plutôt que de le sortir mais qu’il soit sur le dos deux jours après.
Beaucoup trop, mais toujours sur des produits peu onéreux, en gros j’ai beaucoup de matériel mais à moindre coût.
Il n’y a qu'à regarder mon combo pour avoir la réponse, certains trouvent un confort dans du matériel haut de gamme et je le conçois, moi je prends du plaisir sur du matériel bon rapport qualité prix et cela me convient parfaitement.
J’en ai deux , la premier avec mon ami Sylvain Manuel , une journée fantastique, inoubliable, il y a 2 ans avec beaucoup de très beaux poissons dans un cadre qui laisse rêveur, vraiment de la folie, il verra très bien de quoi je veux parler et l’autre une journée difficile sur un fleuve où lors des derniers lancers je pique par chance un poisson phénoménal, on termine 30 minutes plus tard et quelques centaines de mètre plus bas tous les deux, avec l'adrénaline qui s’en suit et on s’est séparés comme de vieux amis qui ne s'oublieront jamais .
La lecture c’est au milieu d’un cours d’eau que je la préfère, ils ont tant de choses à raconter, à chaque fois une nouvelle histoire, un régal !!
Mon grand-père.
Je suis un hyper passionné.
Elle a beaucoup pêché avec moi au départ une fois mon arrivée dans la région, mais j’ai trop abusé de sa patience et elle s’en est lassée.
Par contre, elle est très indulgente avec ma passion, elle sait le bien que cela me procure et pour tout cela je la remercie.
Je pense qu’elles sont plus tactiles que nous et surement meilleures sur beaucoup de points, elles méritent d’être plus mises en avant car il y a pas mal de femmes qui pêchent très bien …. Ma femme était une super pêcheuse, dommage qu’elle ait arrêté, elle avait du talent et une super bonne technique ….
Il faudra nourrir tout ce beau monde alors je prendrais les 2 ma famille et mon matos.
Je suis très bien où je suis mais à choisir ce serait le 39 JURA
Surtout de préserver le peu qui reste, rien n’est inépuisable, la prise de conscience est là mais encore trop timide.
Au Canada, beaucoup de grandes rivières sur des profils que j'apprécie particulièrement et pour les paysages que peut offrir ce pays grandiose.
Non jamais même si j’en connais énormément, je pêche avec eux mais sans guidage juste amicalement ….
Non je ne pense pas
Oui, dans une petite AAPPMA qui gère une quarantaine de kilomètres de ruisseaux.
Si demain tu devais mettre un terme à la pêche, que ferais-tu à la place ?
Le foot est ma seconde passion, mais mes plus belles années sont derrière moi alors j’imagine mal mettre un terme à la pêche, j’en deviendrais invivable je pense.
Le foot
NO-KILL 100 %
Chacun fait ce qu’il veut du moment qu’il reste dans les clous, après oui j’estime qu’un poisson est mieux dans l’eau que dans un congélateur. Avec tout ce qu'il se passe aujourd’hui, elles en prennent suffisamment dans la gueule pour que l’on se permette encore de prélever pas mal de poissons ...
Je vois même pas pourquoi ce n’est pas encore le cas, il n’y a pas de techniques qui engendrent moins de dégâts aux poissons que d’autres si on respecte les règles, je pense que ces parcours-là sont peut-être instaurés par des gens amoureux d’une technique, mais un plaisir est meilleur lorsqu' il est partagé que lorsqu' il reste personnel.
Rien à voir avec la question, mais en ce qui concerne les parcours "No-Kill" tout court, je pense que la plupart de ces parcours sont placés sur des zones où il n’y avait pas ou peu de poissons auparavant. Les gestionnaires pensent que le fait de mettre un "NK" sur un parcours défini va rendre sa population à celui-ci. Mais selon moi, si un secteur n’était pas favorable à l’accueil d’une population piscicole avant le "NK" il ne le sera pas plus après.
En revanche je connais des "NK" très bien placés (caches, nourriture, et diversification de profils..) qui permettent à tout pêcheur utilisant toutes techniques de s’amuser tout en respectant le poisson (c’était un point de vue personnel ,mais j’avais envie de le dire).
Certains font avec les moyens du bord, d’autres ont les moyens de faire beaucoup mieux. Certains ont des problèmes très durs à gérer, d’autres n’ont aucun souci de climat ou de débit ni même de pollution. Il y a encore pas mal de progrès à faire en s’intéressant à la diversification du milieu et à la situation géographique de celui-ci. Beaucoup de paramètres restent à prendre en compte pour une meilleure gestion dans les années à venir. Les aléas climatiques et les pollutions ne favorisent pas forcément la mise en place d’une gestion commune, il faudrait donc adapter chaque problématique à chaque cours d’eau.
C’est malheureusement le plus compliqué.
Il y a beaucoup de parcours super intéressants au niveau halieutique, leur gestion est en adéquation avec leurs atouts et leurs problématiques pour d’autres en revanche, les règles mises en place sont encore trop peu adaptées au milieu concerné.
La nature change, la réglementation doit changer en fonction de celle-ci. Il faut se poser les bonnes questions et prendre conscience que rien n’est éternel. On ne gère pas une rivière de plaine comme on gère un torrent de montagne, il faut donc être entouré de personnes compétentes et de spécialistes du milieu, surtout sur des secteurs très impactés par le changement climatique par exemple.
Une remise en question perpétuelle doit être instaurée, afin de prévenir d'éventuelles catastrophes.
A noter que beaucoup de personnes sont présentes pour leurs rivières, de vrais passionnés et amoureux de la nature et pour tout cela je les en remercie.
C’est un bon point, mais encore trop de parcours privés fleurissent en France. C’est dommage, je ne pense pas que la gestion sur ces parcours soit meilleure qu’ailleurs, les personnes qui gèrent ce genre de cours d’eau devraient prendre pour exemple des secteurs publics très bien gérés et peut-être ouvrir leurs frontières. Comme je le dis plus haut, du poisson il y en a de partout et pour tout le monde en règle générale bien sûr.
Si les conditions sont identiques d’un secteur à l’autre, les parcours privés devraient se calquer parfois sur les parcours gérés publiquement.
Sinon, l’entente halieutique permet de pêcher beaucoup de rivières très sympas, il faut que ça évolue dans ce sens, car je ne pense pas que “l’herbe soit plus verte ailleurs”.
J’habite un département non réciprocitaire, mais lorsque je pêche dans des départements voisins je m’amuse tout autant, ouvrir les frontières ne ternira pas le cheptel piscicole du département, du moment que la gestion concorde avec le milieu.
Oui bien évidemment, il suffit d’avoir une gestion cohérente et tout le monde y trouvera son compte. Après comme je le répète, certains ont des problèmes très récurrents à gérer et sont obligés de faire en fonction de ce qu’ils peuvent encore sauvegarder.
Je la vois de plus en plus compliqué dans les cours d’eau de plaine, avec des débits et des températures peu favorables aux salmonidés. En montagne, il reste encore un peu de marge mais l'échéance avance à grands pas, il faut absolument sensibiliser les jeunes générations sur l'état actuel de beaucoup de cours d’eau, les inviter aux réunions, aux assemblées générales. L'avenir c’est eux. Après on ne sait pas de quoi demain est fait, il y aura peut-être des années à pluie, des années à neige, pour le plus grand bien de la nature. Je le souhaite de tout cœur, mais la tendance ne va pas dans ce sens. Des parcours "No-kill" s’ouvriront un peu partout (on le voit déjà beaucoup) en espérant que cela fasse revenir des truites sur des secteurs peu accueillants mais le problème est plus profond : si ta température et ta qualité d’eau ne vont pas avec le parcours cela ne changera rien au problème. Des parcours privés s’ouvriront encore également, les gestionnaires locaux penseront sûrement que parce qu‘il leur reste des truites il faudra à tout prix les préserver, il faudra donc payer de plus en plus de cartes sur secteur privés pour s’amuser, c’est le cas déjà dans pas mal de pays européens ….
Limitons la casse du mieux que l’on peut pour allonger l'échéance qui nous pend au nez.
Mon discours ne sera pas des plus enthousiastes, mais il est difficile de mettre des mots doux à ce sujet. Franchement, il y a tellement à dire, nous sommes tous fautifs, la prise de conscience est là, mais il en faudra encore plus si l’on veut pouvoir pêcher encore quelques années, dans des départements fortement impactés par le climat, ou les pollutions. Je ne vais pas m'éterniser sur le sujet parce que” ça me fout la gerbe “ mais il faudra perpétuellement se remettre en question, on est déjà allé trop loin vis à vis de beaucoup de choses, la nature est généreuse mais pas éternelle ...
Il y a des secteurs durement touchés en France et d’autres beaucoup moins, on croise les doigts pour des années plus clémentes à leurs égards. N’hésitons pas à sensibiliser les générations futures pour un avenir moins catastrophique, et à s'entourer de personnes compétentes pour des gestions particulières suivant les départements. Après bien évidemment, si le secteur sèche tous les ans, il ne nous restera que les yeux pour pleurer. Malgré tout, je garde espoir, je crois que l’humain peut se surpasser pour permettre encore quelques belles années de pêche.
Ps : désolé, je me suis parfois éloigné du sujet, mais la passion prend souvent le dessus …
Merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Et surtout merci à tous mes lecteurs.