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TRUITEPASSION.FR

La pêche une passion, la rivière une richesse .

L'interview du pêcheur (N34).

Aujourd'hui l'interview du pêcheur, trente-quatrième du nom, atterrie non loin de la Couze Pavin chez cet épicurien de la vie, aux pensées quelques peux bohèmes. À la fois, artiste des mots et des images, j'ai découvert ce personnage atypique par le plus grand des hasards, il y a quelques mois. Il est l'investigateur de reportages intéressants sur notre passion sur sa chaine "Youtube" et c'est tout naturellement que nous sommes entrés en contact. De fil en aiguille, de discutions téléphoniques, je ne pouvais que lui proposer de répondre aux questions de l'interview du pêcheur. Cela tombait bien il avait beaucoup de choses à dire, il en avait tellement qu'il lui a fallu faire trois interviews en une c'est pour vous dire !!!!!

J'ai appris à connaître Jean, au travers de nos discutions et de nos pensées sur cette passion de la truite, il pourrait être de "Lafontaine", mais il n'est que du Puy de Dôme et un peu aussi de ces torrents et rivières de mes montagnes du Vercors. Je vous laisse à votre tour, faire la connaissance de "Jean de Bohème", au travers des réponses, qu'il a eu la gentillesse de me donner.

L'interview du pêcheur (N34).

1 Nom & prénom ?

    Jean Cerezal Callizo

2 âge ?

    53 ans

3 Profession ?

     Conducteur de car,  Artiste.

4  Quel est le département où tu résides ?

     J'habite dans le Puy-De-Dôme, à Issoire, une petite ville agréable à vivre d'autant plus qu'elle est traversée par une jolie rivière,  la Couze Pavin, qui coule à 100 mètres de chez moi.

5 Depuis combien de temps pratiques-tu la pêche ?

     Depuis 43 ans avec plus où moins d'assiduité.

 6  D’où te vient cette passion ? 

    C'est une histoire de famille qui a commencé avec un copain en CM2, avec un bout de fil, des plombs et un hameçon que nous avions récupérés sur les rives du Néez. Nous avions monté le tout sur un bambou et c'était parti !
Ensuite avec mon père nous avons fait une sortie avec Pascal, un vieux du village qui savait pêcher au Toc. Je crois que c'est à partir de là que mon père est devenu passionné. J'ai partagé sa passion. Les soirs je lisais et relisais le bouquin de Jean Lamoure «La Truite en eau vive » avant de m'endormir en rêvant que moi aussi j'allais devenir un bon pêcheur, que j'allais maîtriser la plombée, la présentation, mais les week-ends je passais mon temps à m’accrocher à toutes les branches et les racines de la planète ! Heureusement nous faisions aussi des sorties en lac de montagne à la cuillère, au buldo, à la calée et là c'était magique. Parfois nous bivouaquions pour faire le coup du soir et celui du matin. J'avais 12 ans... C'était Énorme !!
Ce n'est pourtant que 34 ans plus tard, grâce à mon fils Clément, que j'ai eu ma Révélation. Peu avant ses 8 ans il m'a dit qu'il voulait apprendre à pêcher la Truite Fario au Toc. Nous sommes donc allés dans les Pyrénées Atlantiques rejoindre mon Père qui était devenu un très bon pêcheur. Dans un petit ruisseau de mon enfance, il lui a expliqué et montré comment faire, puis il lui mis sa canne dans les mains et Clément a pris sa première Truite dans le trou suivant devant mes yeux émerveillés ! De le voir ainsi et de vivre son bonheur, je me suis dit qu'il fallait que je réessaye !!! 
Quelques jours plus tard sur une brocante il s'est offert une Arias avec un BAM pour 25 balles... Le lendemain nous étions au bord de l'eau...

 

7 A quel âge as-tu pêché pour la première fois ?

    10 ans                                                                                                             

8 Quelle est ta pêche de prédilection ?

    Celle de la Truite Fario en eaux vives !

9 Quelle est ta technique de prédilection ?

     Depuis deux ans c'est la Nymphe Au Toc !

Il y a vraiment quelque chose de magique avec cette pêche ! C'est une pêche fine, subtile, quasi chirurgicale dans laquelle je suis en apprentissage permanent, tant avec l'eau qu'avec les poissons que je recherche ! Contrairement au Vairon qui déménage les Truites, là il faut souvent passer au plus près des postes où sont les poissons. Précis au lancer, précis au passage, précis au ferrage !

Je dis ça mais pour l'instant je pêche comme un poète, et je ne suis pas un as, loin de là. Mais je prends un tel plaisir  !!!

 

10 Quel est ton appât ou leurre favori ?

      Quelques nymphes, mais depuis cet été, pour avoir partagé le bord de l'eau avec des pêcheurs au Toc à l'anglaise ou à la barre et vu leur réussite avec des appâts naturels, je ne rechigne pas à escher une Patraque, un Gammare, une Larve ou un Vers que je pique juste sur un hameçon monté avec une bille quand ça ne donne plus rien à la nymphe. Ça fonctionne vraiment bien !!!

Avant il y avait le Vairon bien sûr.

Pour la pêche du Carnassier que je pratique majoritairement depuis le bord, je suis devenu un inconditionnel du Black Minnow ! C'est un leurre fabuleux qui fonctionne aussi très bien pour les Truites en grande rivière dont il sélectionne naturellement les plus gros spécimen à cause de son hameçon texan simple en milieu de corps.

11 Lors de tes parties de pêches, pour le transport de tes appâts, qu’utilises-tu ? (sac à appât, boite plastique, boite en bois ou autre)

      Depuis deux ans, je m'encombre le moins possible ! J'apprécie cette légèreté de la pêche à la nymphe. Quand ça ne mord plus à la nymphe, je soulève les pierres, je gratte les berges et je monte direct. Et si  ça mord à l’appât naturel, comme je n'ai rien pour les stocker, je suis obligé de prendre mon temps pour retrouver de quoi escher.

C'est intéressant aussi comme approche (même si c'est parfois un peu frustrant) car ça me délie d'une pêche de « rendement » pour être plus dans une sorte d'osmose avec le milieu naturel et ses possibilités.

Pour le Vairon, c'était le petit seau vert Mayatruite St Claude qui rentrait dans la poche de ma veste.

12 Pratiques-tu d'autres techniques de pêche ?

       Plus maintenant, mais j'ai pratiqué.

Pour la Truite, Toc aux appâts naturels, cuillère ondulante, tournante, bouchon, buldo avec des trains de mouches (ou des sauterelles en lac de montagne, quel régal),  poissons-nageurs, leurres souples et Vairon manié.

J'ai aussi pêché pendant plusieurs années la Carpe à la pomme de terre et au maïs, les Ablettes, les Gardons, etc au Pinki comme au ver de vase. Tranquillement, sans autre « ambition » que de passer un bon moment au bord de l'eau avec mes enfants quand ils étaient petits.

Les Carnassiers depuis le bord et en float-tube aux vifs, aux maniés ou aux leurres.

J'ai aussi un peu essayé la pêche à la mouche en autodidacte mais j'ai choppé une tendinite et comme je joue aussi au tennis, je n'ai pas persévéré.

13 Si oui quels poissons recherchais-tu ?

       Salmonidés, Cyprinidés, Carnassiers.

14 Lors de tes sorties préfères-tu pêcher seul ou à plusieurs ?

    Les deux. Seul c'est bien. J'apprécie le calme et la solitude. Il sont propices à une pêche concentrée, sans la distraction et l'arythmie liés à la présence de l'autre.

Quand ça mord moins ou pas et que l'action de pêche devient répétitive, il se passe parfois des choses étonnantes comme si je perdais la conscience de ce que je fais là, comme si j'entrais dans une sorte de méditation profonde propice à la synchronicité.

Bon, et puis aussi, quand je pêche seul et que je pêche comme une merde, il n'y a pas de témoin ! Hihihihi !!!

À deux c'est bien aussi et quand c'est mieux, c'est franchement Génial ! Le Partage d'une Passion, de la Vie, d'un terrain de jeux et de je, la Connivence, les discussions, voir l'autre faire, papoter, échanger ! C'est une histoire d'ouverture.

 

J'aime bien le côté « spectateur » de la pêche à deux ! Il y a ce décalage jouissif dans le moment présent partagé et c'est très bon d'un point de vue apprentissage de la Pêche comme de la Vie !

15 Quel est ta vision du pêcheur de truite ?

      Joker ?

La pêche est quelque chose de très personnel. Je crois que chacun y arrive avec son histoire dont les histoires qui l'y ont conduit. Il va y rencontrer tout ce qu'il s'y passe pour lui, de ce qu'il est à ce qu'il y trouve. Et continuer à sa manière un chemin, s'il persévère.

Moi j'ai trouvé « là-dedans » un espace-temps privilégié qui me relie autant à la Nature qu'à moi-même. Le côté itinérant est important.

Il y a cependant une histoire d'addiction liée à la sensation d'une Truite qui se retrouve piquée au bout de ma ligne, ne serait-ce qu'une fraction de seconde ! Là il se passe vraiment quelque chose d'hyper « fort » comme si je me retrouvais d'un coup en prise directe avec le vivant d'une manière à chaque fois inédite qui fait que « même si rien ne se passe » pendant des heures, je vais être capable de pêcher encore et encore jusqu'à la suivante !

16 Nous sommes à l’heure de la pêche en  nymphe au TOC, pratiques-tu cette technique dérivée de la pêche au TOC ?

       Oui

17 Montes-tu tes nymphes ou préfères tu les acheter ?

       Au début (il y a deux ans) je les achetais toutes, maintenant je les monte presque toutes.

Mon ami Eric (Carnayak sur YouTube) avec lequel j'ai fait quelques sorties m'a dit un jour « tu vas voir, quand tu vas les faire toi-même et prendre des Truites avec, c'est super ! » J'ai bien fait de ne pas trop attendre car il avait tellement raison !

J'ai commencé par imiter les siennes et celles que mon pote David m'avait passées. Maintenant je pêche avec très peu de modèles. Les seuls paramètres que je modifie sont la taille de la bille, de l'hameçon et le corps de la nymphe pour la rendre plus ou moins dense.

Le montage « partagé » est aussi la source d'un moment fabuleusement enrichissant. Car là aussi nous avons tous nos trucs ! Je me souviens d'Eric (Spinner Fish sur YouTube) qui est venu à la maison à ses débuts pour voir comment je faisais. Trois semaines plus tard c'est moi qui suis allé chez lui pour voir comment il faisait parce que les siennes fonctionnaient du tonnerre!!. Internet (là aussi il y a une bande de passionnés) fourmille d'idées et personnes géniales prêtes à partager leur passion.

18 Quel type de cours d’eau à ta préférence?

      Rivières moyennes, petites, torrents et ruisseaux, mais peu à peu, grâce à d'autres pêcheurs qui me proposent de les accompagner je m'ouvre vers de plus « grandes » rivières.

19 Pourquoi cette préférence ?

      C'est une histoire de me sentir à l'aise, de repères et d'environnement.

Dans un ruisseau ou un torrent, les postes sont souvent facilement identifiables même s'il m'est encore parfois difficile de les pêcher correctement du premier coup.  Mais même si tu grilles un coup en faisant partir une Truite postée là où tu ne t'y attendais pas ou en t'accrochant à la première dérive, le coup d'après n'est jamais bien loin.

En rivière moyenne tu peux vider 50 mètres de rivière avec un seul poisson qui prend la fuite. De plus les possibilités de situation des Truites commencent à s'ouvrir quand elles sont de sortie. Il m'a fallu un peu de temps pour commencer « comprendre » et à pêcher autrement. Maintenant je commence à m'y sentir à l'aise.

 

Pour moi le cadre est très important car il induit l'aventure qui va avec la pêche, dans un rapport de communion et d'émerveillement avec la nature ! J'adore les cours un peu escarpés où pour progresser je dois me glisser dans la nature à l'indienne !

20 S'il y avait une rivière, la rivière de ton cœur, laquelle serait-elle ? (un nom et un profil)

      Je ne connais pas encore beaucoup de rivières mais il y en a déjà plein dans lesquelles j'aime retourner pêcher sur certaines de leurs portions. Plus celles que je découvre. Cet été par exemple j'ai pêché la partie haute d'un des gaves du 64 et c'était un vrai bonheur, tant pour la nature que pour la pêche. En plus les Truites y sont magnifiques. Et bien sûr, il y a la Couze Pavin, ma régulière... 
Pour l'heure, je te dirais que c'est La Bourne qui retient mon cœur. Elle me plaît beaucoup. Elle a des profils variables et des coups de rêve. Je suis fou amoureux de ses gorges et de ses Truites. Bien sûr il y a des zébrées (c'est pour ça que j'y suis allé la première fois, pour en pêcher une au moins une fois dans ma vie) mais il y a aussi une « souche » extraordinaire qui m'a rendu raide dingue, quelle que soit sa taille ! Ses robes ressemblent à une mosaïque bien loin des points habituellement ronds. À remettre à l'eau absolument pour la pérennité de cette variété !
Rien que pour ça c'est La Rivière de mon Cœur. 
Parfois certains diront qu'elle n'est plus ce qu'elle a été et je pense qu'ils ont raison. Par exemple j'ai appris qu'autrefois une réserve ensemençait la rivière ; elle a été supprimée. De plus le débit réservé du barrage de Choranche est passé de 2 à 1m3... Il y a déjà là de quoi impacter cette rivière en terme de population de Truites et de capacité d'accueil. 
Moi je ne l'ai rencontrée qu'il y a trois ans donc je ne suis pas dans la nostalgie de ce passé. Mais peut-être qu'une gestion différente avec par exemple une nouvelle réserve et un immense parcours no-kill favoriserait le retour de ces grands reproducteurs expérimentés dont tous les témoignages attestent aujourd'hui la disparition... qui semble aller de pair avec la diminution du nombre de poissons pêchés.

 

21 Le ou les départements où tu pêches ?

       Si c'est pour que je te donne la combinaison du loto, alors il y a le 15, le 43, le 38, le 31 et le 26 et les numéros complémentaires sont le 63 et le 64 !!!

22 Pêches-tu plus en semaines où plus le  week-end ?

      En gros quasiment tous les jours...  En semaine j'y vais généralement à pied, parfois juste pour le plaisir de pêcher une Truite ou un Ombre ou quelques rêves de belles ou d'arriver à faire une coulée idyllique, et puis je rentre. Comme j'y vais souvent, j'essaie de minimiser mon impact à la fois halieutique et environnemental.

Les week-ends et les vacances sont propices à la découverte et à l'addiction dans des sorties de parfois 14h de pêche.

23 Ta préférence va plus à une pêche matinale, où une pêche d’après-midi?

       J'ai la vue qui baisse, des verres progressifs et je t'avoue que de me retrouver au bord de l'eau avec des nœuds à défaire, des bas de ligne à refaire, ou même un cheminement en milieu encombré est un réel problème maintenant, que ce soit tard le soir ou tôt le matin. De fait je suis devenu un pêche en journée, ce qui à la nymphe ne semble pas être un réel handicap.

24 Durant la saison de pêche, quel mois à ta préférence et pourquoi?

      Depuis le 1er confinement je n'ai plus vraiment de mois préféré. Bon en vrai comme j'y vais tous les jours, je suis plutôt attentif aux conditions d'eaux et de températures qui dans cette période de « bouleversement climatique » peuvent ouvrir la rivière quel que soit le mois.

25 Tant que le plaisir de prendre du poisson est là tout va, ou recherches-tu en priorité la prise des gros poissons ?

 

      Tant que le plaisir est là, il est là ! Donc je ne recherche pas (ou plus puisque j'ai abandonné le Vairon manié) en priorité les gros poissons... De toute manière un gros poisson est un poisson éduqué et  je ne suis pas un pêcheur d 'élite ! Mais je serais quand-même faux-cul si je te répondais que je n'en ai rien à faire et que sur certains coups de ligne je n'espère pas "La Grosse" !!!

26 Quel matériel utilises-tu pour la technique que tu pratiques ?

        Canne : Native NII 330 (et une Origine 380 que je viens juste d'acheter d'occasion)

Moulinet : JMC Iberia.

27 Fil & bas de ligne quel marque utilises-Tu ?

        Corps de ligne : Fil Max Trout bicolor Yuki

Bas de ligne : Smart Exel X 57

28 Pour ton bas de ligne quel type de fil utilises-tu (nylon classique, fluoro) et pourquoi ?

    J'utilise du Nylon. Il est souple et il conserve une déformation plastique contrairement au Fluoro qui casse directement sans s'allonger. Dans la majorité des cours d'eau que je pêche les Truites de 40+ sont rares donc je m'autorise à pêcher fin, le plus souvent avec un 10/100ème qui résiste à 2,1kg. Je fais juste attention à l'état de mon bas de ligne à la fois pour ne pas casser sur un poisson mais aussi parce qu'un nylon vrillé ou torsadé devient un piège pour la lumière qui va se « refléter » sur sa moindre anomalie. Si tu n'y fais pas attention, c'est un peu comme si tu te mettais à pêcher avec un gyrophare du Samu au dessus de ta nymphe, les Truites dégagent pour laisser passer  !
 

29 Épuisette ou non lors de tes parties de pêche ? 

   Étant donné que je vais remettre la Truite à l'eau, j'utilise une épuisette en mailles fines caoutchoutées ! C'est une histoire de respect du poisson, de confort personnel et de cohérence avec ma pratique.

Ça me permet « d'abréger le combat » sans avoir à droper le poisson hors de l'eau comme je le vois faire encore bien souvent et de pouvoir éventuellement faire une photo en laissant la Truite dans l'eau pendant que je sors l'appareil.

Pour le décrochage c'est la même chose. Sans ardillon elle se décroche à 50% dès qu'elle est dans l'épuisette. Pour les autres 50% ou si ma nymphe a un ardillon, ça me permet de ne pas être dans le speed pour la décrocher avec les petites pinces fines que j'ai toujours sur moi.

De plus, si le combat a été long, l'épuisette me permet de laisser à la Truite le temps de se reposer au calme, de se déstresser et de reprendre souffle et vigueur, afin qu'elle puisse repartir dans les meilleurs conditions. Il faut quand même garder en tête, que les chances de survie d'une Truite pêchée et remise à l'eau sont comprises entre 100 et 50%. Même si elle repart à fond !

Il m'arrive cependant, si le contexte s'y prête, de les prendre à la main dans l'eau pour les décrocher mais je suis loin en ce domaine d'avoir le talent de Patrick Roux dont je reste admiratif !!

L'interview du pêcheur (N34).

30 Pratiques-tu la pêche avec hameçons sans ardillon ?

        Oui.

Pour la plupart des nymphes que je monte, j'ai trouvé des formes d'hameçons sans ardillon qui ne décrochent pas plus que d'autres avec ardillon, voire moins. Fins de fer avec un piquant exceptionnel, du style Hanak H 360 BL et Tiemco 206 BL.

31 Ton regard sur le sujet ?

       Je pense que du point de vue de la Truite, sans ardillon c'est mieux !  La blessure occasionnée n'est alors qu'une piqûre et pas une lésion avec arrachement possible des chairs lors du décrochage à cause de l'ardillon. La possibilité d'une infection aggravée est donc moins importante.

Du point de vue du doigt du pêcheur, c'est mieux aussi.

Cela dit j'utilise encore des ardillons sur certains modèles de petite taille, pour mes potences si elles sont longues, et pour pêcher certains coups particuliers comme par exemple des trous ou des vasques de torrents dont la profondeur et la force des courants de fond et de surface contradictoires ne me permettent pas d'être en permanence en contact avec ma nymphe.

32 Cuissardes ou waders ?

     J'ai les deux.

En été j'aime bien aussi des chaussures de canyoning avec des chaussettes néoprène et un short. C'est bon aussi de sentir l'eau glisser et les rayons de soleil... quand il n'y a pas de moustiques ni d'orties.

33 Quel budget par saison consacres-tu à la pêche ?

     Quelques centaines d'euros, ce qui est juste assez pour « l'essentiel ». Mais cette année, l’écureuil a la queue basse car j'ai investi dans ces 2 cannes et le moulin. Je dois friser les 1000 euros.

34 Es-tu de ceux qui pensent, qu’il faut mettre beaucoup d’argent dans le matériel de pêche, pour bien pêcher ?

      Du bon matériel rend la pêche plus confortable mais ne signifie pas pour autant que tu vas « bien pêcher ».

35 Une canne et moulinet que tu voudrais posséder?

       Question cannes je suis comblé.

Moulinet :      le même que le mien mais avec une bobine de diamètre supérieur et un système de débrayage du frein qui me permettrait de sortir du fil aussi facilement que si le frein était desserré et qui d'un « clic » basculerait vers le réglage frein serré quand je rentre en action de pêche...

Peut-être aussi un spinning vraiment étanche ?

36 Sempé, Delacoste, Daiwa, Garbolino, Hearty Rise, Pezon & Michel, Mitchell, Native et autre où va ta préférence ?

        Pour la Nymphe au Toc : Native !!!

37 Fil intérieur où anglaise ?

      Arias (celle de Clément est une ancienne) pour le FI en milieu encombré ! C'est une canne divine ! Géniale, légère, d'une résonance exceptionnelle et le fil coulisse un truc de dingue ! C'est une jouissance de pêcher avec ! J'ai vendu toutes les miennes pour ne conserver qu'elle !

Anglaise pour le reste !

38 Es-tu le possesseur d’une canne artisanale ?

       Oui, la Native Origine.

39 Un souvenir de pêche en quelques mots ?

      C'est mon pote David qui m'a convaincu des bienfaits de la pêche à la Nymphe au Toc alors je vais te raconter celle-là.

Nous pêchions dans une belle coulée où ni lui ni moi, n'avions touché le moindre poisson malgré de très bons passages au Vairon manié, au poisson-nageur et à la cuillère... Je l'entends encore me dire tandis qu'il fouillait dans une poche de son gilet  « Bon, je vais essayer quelque chose même si je n'ai pas le bon matos ». Là je le vois couper son fil pour y accrocher une nymphe. Dans la seconde même, exactement là où nous venions de pêcher, une jolie Truite était suspendue ! Puis une autre et une troisième !. « De la folie ! » me disait-il en riant !

Il m'a alors filé une nymphe de sa confection. Je l'ai montée direct sur le 18/100ème de ma Loxus VM qui est devenue ma première canne à nymphe ! Et quand dix minutes plus tard j'ai ramené une Truitelle de 16cm, j'ai hurlé ma joie aussi fort que pour la plus grosse des Truites que j'ai pêchée !!! Je ne sais pas comment dire, c'était comme si je n'avais jamais pêché avant, comme si c'était la première Truite de ma vie. Depuis ce jour là, je n'ai pas décroché !

40 Un livre sur la pêche qui serait ton livre de chevet ?

      Je ne lis pas au lit et d'une manière générale je ne lis presque plus de livres... mais pour répondre à ta question, je choisirai un livre que mon fils Pierre (encore un pêcheur) m'a offert l'année dernière. « Trout » de James Owen. Il est particulièrement intéressant mais comme il est en anglais j'avance lentement.

En fait ta question m'a fait prendre conscience que j'ai quand même « quelques livres sur le sujet. » L'un d'eux m'a passionné et a été mon livre de chevet il y a quelques années : « La Truite » de Jean Pierre Reder et Eric Joly aux éditions Duculot.

Sa lecture est assez jubilatoire.  

41 Un pêcheur vivant où disparu avec qui tu aurais aimé partager un moment de pêche ?

      Euhhh, je ne maîtrise pas trop la communication avec les esprits des disparus alors je vais profiter de ta question pour lancer un appel à destination des Vivants : « Alphonse Arias, Yannick Rivière, Matthieu Vieilhescaze, Laurent Jauffret, est-ce que vous m'entendez ??? Si vous m'entendez, répondez-moi !!!»

42 La pêche est pour toi une passion ou un simple loisir ?

       Une Passion qui sait aussi parfois prendre la forme d'un loisir.

43 La personne qui partage ta vie (il ou elle) elle en pense quoi de ta passion pour la pêche ?

    Euh... c'est con à dire mais je crois que mes histoires d'amour ont lieu pendant la période de fermeture. Cela dit, je profite une nouvelle fois de tes questions pour lancer un appel au monde des Vivants : j'aimerais vraiment trouver une Amoureuse qui (entre autres) pêche aussi la Truite pour rompre ce sortilège et trouver ainsi un équilibre passionnel à tous les étages et sur la durée !!    

44 Si tu devais pêcher dans un pays étranger où irais-tu et pourquoi ?

      Au Pays des rêves pour pêcher de Grosses Truites dans des endroits de folie bien évidemment !!! Mais quand je vois sur Internet ce qui se pêchent en France et tout ce qu'il me reste à apprendre, je me dis que j'ai largement de quoi m'occuper ici. D'autant plus que la diversité des cours d'eau, de leur environnement et des poissons est à la hauteur ! Ceci dit mon fils Pierre est parti vivre un moment en Nouvelle Zélande et je dois dire que les photos de monstres qu'il nous a envoyées m'ont fait rêver quand-même. 

45 As-tu déjà eu l’occasion d’employer les services d’un guide de pêche ?

      Non

46 Si non comptes-tu le faire un jour ?

     Dans mon cas, la « contrainte » du guidage est intimement lié à une histoire de budget qui me bloque : une seule journée de guidage (hors déplacement) représente le quart de mon salaire mensuel ! Donc oui, j'aimerais bien... Mais j'peux point... en tout cas pour l'instant.

47 Es-tu engagé dans le monde associatif de la pêche ?

     Oui et non. À ma mesure je participe à des actions initiées par l'AAPPMA de Chidrac « La Truite De La Vallée » dans laquelle je prends ma carte de pêche. Cette année j'ai profité des élections pour leur proposer de m'investir d'avantage. À suivre donc dans un an puisque les élections sont différées...

48 Si non prévois-tu de le faire ?

      Oui

49 Si demain tu devais mettre un terme à la pêche, que ferais-tu à la place ?

       Je commencerai sans doute naturellement à trouver des réponses à ta question.

50 Si tu ne pêchais pas, quel serait ton loisir ?

Peut-être que j’essaierais la pêche de la Truite. Il paraît que c'est pas mal !!

51 No-kill où prélèvement raisonné ?

       Je les remets à l'eau depuis plusieurs années.

52 Ton regard sur le sujet ?

      Oups...
Le prélèvement raisonné permet de se régaler de quelques Farios dans l'année tout en conservant à la rivière un potentiel de « plaisir partagé » entre pêcheurs.
Mais ta question touche à beaucoup de choses. La qualité de la rivière (de son eau, de ses débits, de sa capacité d'accueil, de sa dégradation naturelle et / ou artificielle et de sa dynamique naturelle) en est une. La pression de pêche (dont les quotas) et la pression des pêcheurs quant à pouvoir influer sur la réglementation locale voire nationale en est une autre. La question de la garderie et de ses « pouvoirs et impuissances » y figure... Donc au delà de la notion de plaisir il s'agit aussi d'avoir, ou de pouvoir avoir, un comportement en adéquation avec des réalités propres au contexte de chaque cours d'eau.
Je pense que la Fédération Nationale a un rôle à jouer en terme d'éducation. Elle pourrait envoyer à chaque détenteur de la carte de pêche un carnet pédagogique sur "les conneries" à éviter de faire et sur des conseils de pratiques comme le prélèvement raisonné par exemple. Vers chez moi il y a encore tellement de pêcheurs qui fonctionnent « à l'ancienne » dans un cadre légal, avec le plaisir de pouvoir garnir leur panier dans la limite des quotas autorisés. Quand nous parlons pêche, no-kill et prélèvement raisonné, ils me disent souvent qu'ils font un prélèvement raisonné car ils ne gardent pas tout. Sous entendu celles qui ne font pas la maille et quand les « grosses » sont de sortie, ils laissent une ou deux places libres dans leur panier pour la grosse de chez grosse ! Des fois que ! D'autres ne gardent que les grosses. D'autres uniquement celles qui font juste la maille. Tu vois bien que c'est le bazar. Chacun de nous se retrouve livré à lui-même, à sa sensibilité, à ses convictions personnelles face à une direction qui me semble « agir » dans une sorte de démagogie consensuelle d'un « pourvu qu'on arrive à vendre au moins autant de cartes de pêche que l'année précédente... 
C'est pour ça que je parle d'éducation. Il y a quand même des personnes qui sont spécialistes des Truites dans ce pays, dont c'est le travail, qui font des recherches, des études... Alors lesquelles garder pour être en adéquation avec un prélèvement intelligent pour la rivière en terme de dynamique et de reproduction naturelle ? Là dessus je lis et j'entends tellement de points de vue divergents que j'aimerai bien accéder à une « vérité » détaillée.
Les Fédérations départementales pourraient décider d'expériences grandeur nature (quitte à mécontenter du monde) avec une gestion globale sur le cours entier de certaines rivières dont la gestion (parfois cacophonique) est aujourd'hui laissée au bon vouloir de plusieurs AAMMPA, en instaurant des réserves, en faisant des parcours no-kill de plusieurs kilomètres, en réduisant les quotas à une ou deux Truites par jour et par pêcheur par exemple.

Dans le contexte d'une mixité de pratiques (prélèvements, prélèvements raisonnés et remises à l'eau) sur un même parcours laissées à l'initiative de chacun, je pense le « no-kill » et le « prélèvement raisonné » n'auront que « peu d'impact » sur « le devenir piscicole de la rivière » car la plupart des poissons maillés que nous remettrons à l'eau seront prélevés tôt ou tard, s'ils ne meurent pas avant. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faille pas les remettre à l'eau, loin de là.
Pour l'avoir expérimenté depuis plusieurs années sur certaines portions de moins d'un kilomètre pas très loin de chez moi, sur la Couze Pavin qui est une rivière en relativement bonne santé, trois retraités qui vont pêcher tous les jours + quinze autres qui y vont une fois par semaine + les autres (tous gardant plus ou moins leurs prises maillées dans le respect des quotas), ça fait sacrément du mal au fil de la saison, mais aussi au fil des années !!! 
Cette rivière a beau se régénérer d'année en année car elle est en bonne santé, il y a une logique implacable dans la diminution effective des « gros » poissons, donc des géniteurs expérimentés à même d'essaimer une descendance « éduquée génétiquement ». 
Si tu prélèves une 23 (c'est la maille ici) elle sera « assurément » remplacée par une 18 de l'année précédente qui aura grandi, mais si tu prélèves une 35 ou une 40, combien de Truites de 18 des années précédentes (et combien d'années) faudra-t-il pour que l'une d'entre-elles réussisse éventuellement à atteindre cette taille ? Même si cette régénération naturelle est soutenue artificiellement par l'apport de juvéniles ou de surdensitaires.

Sinon pour la petite histoire, c'est Clément qui m'a emmené au « No-Kill ». En 2014 il m'a montré une vidéo de Titi Le Pêcheur que je salue bien ))). Là je l'ai vu remettre à l'eau des Truites plus que maillées. C'était la première fois de ma vie que je voyais ça ! Le lendemain nous avons décidé de faire pareil. Je t'avoue que pour la première j'avais le cœur pincé de la relâcher mais j'ai joué le jeu. Et là, mais Quel Bonheur, Quelle Joie de la sentir glisser entre mes doigts et de la voir repartir !!! Je ne m'attendais pas du tout à ça ! C'est un spectacle merveilleux qui colle avec ma sensibilité et mon plaisir.

53 Pour toi est-ce que tous les parcours no-kill en France déjà existant et ceux futurs  devraient être ouverts à tous les modes de pêche (en respectant bien entendu certaines régles) ?

    Pourquoi pas si hameçon simple sans ardillon avec des techniques « en tension directe sur la ligne » canne à la main ?

54 Quel est ton regard sur la gestion de la pêche en France ?

      Je n'ai pas d'avis éclairé sur le sujet et je vais sans doute dire des bêtises, mais puisque tu me poses la question autant répondre un peu, même maladroitement. Au moins sur deux points.

J'ai parfois l'impression que la gestion de la pêche en France se résume souvent à mettre et à remettre du poisson sur-densitaire ou à prendre des mesures restrictives pour entretenir « consensuellement » la viabilité d'un système économique d'1,5 million de consommateurs (je parle de la pêche en eau douce) dont l'activité génère plusieurs milliards d'euros de chiffre d'affaires.

Le rôle de la « Police de l'eau » me semble Primordial car l'eau est partagée entre Tous et son utilisation par l'agriculture, l'industrie, les productions d'énergie et j'en oublie assurément, génère des pollutions, des altérations de débit,  de cycles et de cours naturels qui impactent et impacteront non seulement la qualité de notre espérance de vie ou de survie mais, et c'est peut-être ça qui est important, les biotopes dont l'eau, (l'air et la terre) sont aussi le monde !

Je pense que s'il n'y avait pas les pêcheurs d'eau douce, personne ou pas grand monde ne s'intéresserait à ça pourvu qu'il y ait de l'eau claire et qu'elle arrive au robinet comme aux toilettes !

Cela dit, le montant des amendes ne résout aucun dommage !  Regarde la taxe carbone. Personne n'en a rien à faire ! Nous la payons tous sur tout ce qui s'achète et que nous consommons. Ce n'est pas le bon chemin... Aujourd'hui on est dans une affaire de pognon, de rentabilité, de coût et de retour sur investissement qui nous est dictée et à laquelle nous acquiesçons. Je vais être très dur dans ce qui va suivre mais si les dirigeants de politiques, d'entreprises et leurs salariées devaient avoir la tête tranchée pour crime contre l'humanité à chaque fois qu'ils altèrent la qualité de notre environnement, volontairement, par nonchalance ou par méconnaissance, je ne serai déjà plus là et il n'y aurait sans doute plus grand monde, mais celles et ceux qui resteraient, auraient... assurément la tête un peu plus sur les épaules !

55 Ton avis sur le monde associatif qui gère la pêche dans l’hexagone ?

      C'est très bien que des personnes bénévoles s'investissent sur leur territoire et je vais sans doute bientôt en faire partie. Je pourrai alors « mieux » parler de mon expérience.

56  Que penses-tu de l’entente halieutique qui permet aux pêcheurs de pêcher presque de partout en France ?

 

      C'est une chance de pouvoir pêcher à l'autre bout du pays aussi « librement » que si j'allais pêcher en bas de chez moi, ou de pouvoir pêcher un même cours d'eau d'un département à l'autre, voire d'une rive à l'autre, dans le respect toutefois d'une réglementation adaptée aux spécificités locales.

Mais il y a encore et toujours les irréductibles gaulois de certains Départements et de certaines AAPPMA qui font obstacle à cette libre circulation du pêcheur.

57 Serais-tu favorable à une future carte de pêche nationale ?

       Bien sûr !

58 Comment vois-tu la pêche dans l’avenir ?

       Je n'en sais rien.

 59 Au vu des conditions climatiques de plus en plus compliquées, au vu du réchauffement climatique impactant les cours d'eau, quel est ton regard de pêcheur et amoureux de la nature ? 

     Là tu touches un truc qui me tient réellement à Cœur. Aujourd'hui il y a deux mondes sur une même planète. Celui de la Nature et celui de l'argent. L'un est naturel, l'autre est artificiel. Du côté du monde naturel, pour reprendre un citation indienne qui permet d'envisager l'avenir, on pourrait voir les choses comme ça :

« Quand le dernier arbre aura été coupé, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été pêché et que l'air sera devenu irrespirable, alors on saura que l'argent ne se mange pas, qu'il ne se respire pas. »

Désolé pour cette réponse d'indien un peu en queue de poisson.

Merci à toi, Jean d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Et surtout, merci pour tous mes lecteurs, qui je pense se sont tout comme moi régalés de tes réponses.

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