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TRUITEPASSION.FR

La pêche une passion, la rivière une richesse .

Souvenir d'un pêcheur (par dominique baran).

Souvenir d'un pêcheur (par dominique baran).

        SOUS LA NEIGE

Il neigeait ce matin là. Recouverte d’un blanc manteau la campagne morvandelle paraissait féerique. Sans doute la neige était elle tombée toute la nuit car une épaisse couche recouvrait la petite route qui me menait vers la Cure sur laquelle j’avais décidé d’attaquer cette ouverture. La grande descente sur le Chalet du Montal fut assez périlleuse…

Seulement trois voitures étaient stationnées là où d’habitude une bonne dizaine se disputent la place. « Probablement ce temps aura-t-il rebuté les autres pêcheurs. » pensai-je.

A l’intérieur du chalet je reconnus deux habitués des ouvertures sur la Cure. Immanquablement devant notre café bouillant, nous parlâmes de cette neige et de son incidence sur la pêche. Le patron nous encouragea quelque peu en nous assurant que jadis de telles conditions étaient assez fréquentes, certains anciens y réalisant même de jolis paniers. Cependant, il nous conseilla au cas où ça ne marcherait pas dans le secteur, de remonter une dizaine de kilomètres et de pêcher sur le plateau de Montelesme.

J’eu bien du mal à enfiler mon vairon sur la monture tant mes doigts étaient gelés malgré mes gants. J’avais opté pour une pêche à la dandine sous les gros rochers, pensant que les truites devaient être bien à l’abri dans leur repaire. Au bout d’une heure je dus me rendre à l’évidence qu’elles en avaient belle et bien fermé la porte, d’autant que le collègue qui opérait au toc sur la rive d’en face, n’avait pas eu plus de résultat. La neige avait cessé de tomber et la rivière prenait peu à peu une couleur vert de gris qui ne me disait rien de bon.

Me rappelant les conseils du patron, je décidai de monter sur le plateau. Au pont des Avoinnières aucun véhicule n’était stationné. « Bizarre car d’habitude cet endroit est un point d’alevinage… »

 Je décidai de pêcher les quelques fosses que je savais habitées par de belles farios ; « peut-être que dans les profondeurs les truites seront plus actives… » Mon vairon raclait lentement les galets. Soudain une légère secousse puis un déplacement sensible du fil fluo indiqua une touche. Le ferrage fut automatique et énergique, mais je compris vite que le poisson n’était pas bien gros vu le peu de résistance qu’il opposait. Une perche d’une quinzaine de centimètres vint rejoindre la berge. « Fâcheux présage… » Pensai-je.

 Vers midi un rayon de soleil illumina le paysage et j’optai pour pêcher un petit ru de la rive droite du lac que je savais poissonneux. Mes cuissardes s’enfonçaient jusqu’au genou dans la neige poudreuse. Hélas, même là les truites étaient absentes. L’heure du casse-croûte avait sonné. J’eu bien du mal à allumer un feu tant les branches étaient humides, mais ce fut un véritable bonheur de voir les flammes scintiller au milieu de ce tapis blanc. Des instants magiques qui restent gravés dans votre mémoire, c’est aussi çà l’ouverture.

En début d’après midi, je décidai de changer de vallée et de descendre sur le Chalaux, mais à l’auberge d’Ouroux j’appris qu’il ne s’était pas fait grand-chose dans le secteur, même les truites de pisciculture boudaient les appâts… « Qu’à cela ne tienne, tentons l’Yonne… »

Sur la route, la neige avait pratiquement fondu, ce qui m’incita à appuyer sur l’accélérateur. Hélas dans un virage de la descente de Mont, une plaque de verglas me fit glisser dans le fossé. J’en sortis heureusement indemne, mais ma voiture était bel et bien immobilisée. Impossible de la sortir seul, j’étais dans de beaux draps… Enfin après une bonne heure de marche, je trouvai un paysan qui accepta de me remorquer avec son tracteur.

Ainsi vers 17 heures, j’arrivai sur l’Yonne à l’aqueduc de Montreuillon. Deux pêcheurs s’en revenaient dépités, n’ayant touché dans leur journée qu’une truite juste maillée. Cela ne m’incita évidemment pas à pêcher dans le coin. Je ne sais s’il existe un Dieu de la pêche, mais quelque chose d’inexplicable me guida à cet instant vers les Hauts d’Yonne.

Il devait bien être 18 heures passées quand je m’arrêtai près de ce ruisseau enjambé par un vieux pont de pierre. Jamais je n’avais osé pêcher là vu le maigre filet qui s’écoulait en été et l’absence de végétation sur les berges. De gros flocons tombaient à nouveau mais l’eau était claire. Le premier courant me donna une truitelle et un regain d’espoir. Je m’appliquai car je savais que je n’avais plus beaucoup de temps. Les truites étaient comme folles, certaines sautant même sur le rigoletto, à peine posée la teigne était goulûment avalée. En une demi heure cinq magnifiques farios à la robe étincelante ponctuée de rouge vermillon vinrent garnir mon panier. De ma vie de pêcheur, ce furent sans doute les truites qui m’apportèrent le plus de joie.

J’appris ce jour là que la persévérance finit toujours par récompenser, même quand tout semble perdu…

Texte: Dominique Baran

Dessin : Luc Guinguet 

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