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TRUITEPASSION.FR

La pêche une passion, la rivière une richesse .

Souvenir d'un pêcheur (par Alphonse Arias).

Souvenir d'un pêcheur (par Alphonse Arias).

      HENRI SOUEIX 

 

J’ai rencontré Henri Soueix, alors détaillant en articles de pêche, peu de temps après mon arrivée en Comminges en 1972. Il montait déjà des cannes FI en roseau et se servait des entretoises naturelles de ce même roseau. Henri était une des références en tant que pêcheur au toc. Il était intarissable quand il parlait des parties de pêche et des rencontres qu’il faisait avec les pêcheurs de renom que comptait les Pyrénées !  Je me souviens d’une de ses aventures qu’il m’avait conté et croyez-moi, il avait du talent dans ses narrations.

Un jour, il croise un pêcheur emblématique de 10 ans son cadet et qui était en action de pêche. Après les salutations, il lui demande s’il a pris la truite sur un poste que de toute évidence il avait déjà pêché. La réponse négative l’étonne et il lui répond qu’il n’a pas su faire mordre une belle fario de 350 gr ! Aussitôt, il y lance sa ligne, ferre et conduit à l’épuisette une truite : 355 gr ! Il l’interpelle à nouveau en lui disant de pêcher une veine d’eau bien précise et d’essayer de prendre celle qui est en poste et qu’il évalue à 420 gr…

Echec du collègue pêcheur ! Il prend sa place et au 1er coup de ligne ferre, puis prend une truite qui accuse le poids de 415 gr ! J’avoue ne pas me souvenir si les truites ont été pesées sur une balance…

Les années ont passé et j’ai souvent rencontré Henri Soueix, cet homme coquin mais attachant et, comme d’autres clients, nous buvions ses conseils et ses anecdotes. Il m’offre une canne à pêche de sa confection et la laisse à la vue sur le comptoir avec mon nom écrit en grand, prétextant qu’il devait la finir.

La veille du championnat des Pyrénées 1976, il me donna des conseils sur quelques parcours de la Garonne. Et je tombe, comme par hasard, sur l’un des secteurs pour lequel il m’avait confié des stratégies intéressantes : curieusement, je gagne la finale…

Brave Henri, quelques années plus tard, victime d’une hémiplégie, il se paralyse d’un côté, lui interdisant toute activité de pêche de la truite. Son petit-fils avait pris le relais dans son magasin et je m’arrêtais souvent pour tenir compagnie quelques instants à cet homme qui méritait le détour.

Un jour, assis devant sa porte, il me demande un service, celui de lui porter 2 truites sauvages de ruisseau. Lui, qui avait connu les paniers pointus d’une belle époque où les rivières étaient pleines de poissons. 2 truites pour un pêcheur qui en prenait 2000 ou 3000 par saison !

Je m’exécute rapidement et je le trouve à nouveau assis devant sa maison. Il ouvre la boîte que je lui tends après l’avoir salué. En découvrant 4 truites de rêve avec les liserés rouges de la queue, il se met à pleurer, me prend la main en me tenant aussi par les yeux. Je suis resté longtemps, debout, devant lui avec la boîte qu’il serrait contre son cœur et il m’a accroché encore par la parole de longues minutes…

Mon cher Henri Soueix, je n’ai pas pu t’accompagner jusqu’à ta dernière demeure, tu as disparu subitement, alors que j’étais en congé, injoignable et que je ne l’ai donc pas appris !     

Texte et photo: Alphonse ARIAS.

C'est avec Alphonse Arias que ce termine, cette série d'article intitulé " souvenir d'un pêcheur". Je voudrais remercier tous ceux qui ont eu la gentillesse, de me faire parvenir, quelques lignes de leur passé.

A très vite 

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