1 Décembre 2021
Pour cette dernière interview de l’année, je vous propose d’aller faire un tour chez nos amis belges. Au pays des aventures écrites par Hergé, il y a un pêcheur qui aurait pu avoir quelques pages dans une intrigante histoire partagée avec Tintin, Milou, le capitaine Hadock sans oublier les Dupont (T et D).
J’ai l’immense avantage de pouvoir lire et ainsi découvrir avant vous, les pêcheurs qui me font le plaisir de participer à cette interview du pêcheur et Marc (l’ami Belge), fait partie de ces pêcheurs qu’il faut découvrir, lire et dont à la fin on a envie de partager une journée de pêche avec, tellement les idées de l’homme sont attachantes. Il est toujours intéressant de savoir ce qui se passe ailleurs et d’avoir la vision d’un pêcheur qui ne vit pas dans l’hexagone et pour cela je ne peux que dire à mon conscrit, un grand « MERCI ».
Mais assez de bavardage, je vous laisse lire et découvrir notre « Belge » Marc Dehove.
Dehove Marc.
52 ans.
Informaticien.
La Gaume, en Belgique.
40 ans.
Découverte par hasard...
12 ans.
La traque de la truite et l’ombre.
Le TOC.
Le petit terreau.
Boîte à appâts en plastique.
La pêche à la mouche, sèche ou nymphe au fil. En nymphe je suis aussi FAN des cannes TOC courtes modernes.
Selon ma préférence... Truites, Ombres, Barbeaux.
Les deux mon capitaine. J’aime me retrouver seul, pêcher concentré et faire le vide... Mais la convivialité est une bonne chose aussi... Je prends moins de poisson (et vu mes coins de pêche, plus d’arbres...), mais le plaisir des échanges et de la sortie partagée compensent largement les nœuds à défaire, les lignes à remonter et les poissons manqués.
Il y en a deux... Celui du dimanche, qui souvent vient pour prendre son quota de truites, le plus souvent après les rempoissonnements et il y a le passionné (dont je fais partie). Celui-là vit truite, pense truite, rêve truite, se remet tout le temps en question et cherches à s’améliorer, en échangeant, en lisant, en testant au bord de l’eau... Un amoureux inconditionnel de ses belles mouchetées.
Oui
Je les monte moi-même depuis plusieurs années maintenant.
Les ruisseaux, et les rivières petites et moyennes.
La variété des postes, la densité de poisson en petit rivière. La qualité du cadre de ces hauts de bassin reculés... et aussi il faut le dire l’absence de grande rivière adaptée à la truite dans mon pays.
La Lesse, dans sa partie amont, 5 à 10m de large, 20 à 80cm de fond, de l’eau vive et des blocs partout...
En Belgique, l’Ardenne et la Gaume.
Le weekend, mon créneau le samedi après-midi...
Après-midi, après la semaine de boulot, le matin je dors.
Mai/Juin, les débits diminuent, ce n’est pas encore l’étiage, mais la pêche s’affine, les poissons sont très actifs et prennent leurs postes de chasse.
Un gros poisson de temps en temps me fait plaisir, mais ils sont exceptionnels sur mes cours d’eau acides. Le plaisir pour moi est de sentir la truite en poste et concrétiser une dérive par une touche là où je l’avais prévue, la truite à l’épuisette est un plus mais c’est le plaisir de la traque que je recherche, quel que soit sa taille.
Je ne pêche plus qu’avec des cannes artisanales, achetées ou fabriquées par mes soins.
J’ai 52 ans, je travaille et ne parts pas en vacances. En général, je m’offre assez rapidement le matériel don j’ai envie, mais vu leurs tarifs, un Peux Fulgor et un fouet dédié à la nymphe Thomas & Thomas en 11’2 #3 n’ont pas encore rejoints mon matériel bien qu’ils me fassent envie depuis un certain temps. Ils sont probablement au-delà de la limite de mon raisonnable.
Au final plus souvent anglaise, mais en début de saison je suis très heureux de pouvoir utiliser mes FI.
Semi-auto de préférence et parfois de talon.
Les artisanales dans ta liste Native, mais Toc Passion fait de super produits et d’autres monteurs comme Christian Eychenne par exemple sont de véritables sorciers. En Belgique je peux citer Frederic Dawans, ou encore FishBone qui sont aussi au top du top pour des cannes spécifiques mouche. Et puis j’ai débuté dans le Rod Building pour mon usage propre et j’utilise avec bonheur deux cannes perso.
Oui, plusieurs anglaises, FI et fouet et comme je l’ai écrits plus haut, certaines faites maison.
P&M color Line Vert et/ou Sempe tri/color (0,14, 0,16 ou 0.18) selon le matériel utilisé, les conditions d’eau, de vent et de luminosité et forcément les poissons recherchés. Pas de vraies grosses truites et des courants modérés chez moi, donc 0.14 quasi tout le temps, mais je ne pars pas au barbeau avec du 0.14 en corps de ligne.
Nylon au toc traditionnel (le fluoro s’abime avec les plombs). Fluoro en nymphe, il coule plus vite et j’ai l’impression qu’il résiste mieux aux nœuds, ou en tout cas qu’il ne s’abîme pas aux nœuds par les tractions successives sur la ligne et conserve une résistance constante, ce qui n’est pas le cas des nylons communs (exception... le frog hair, découvert récemment mais hors de prix).
Au Toc avec un petit terreau, hameçon de 12, 40cm de 0.10 ou 0.12 en bas de ligne selon les poissons présents, 3 à 5 plombs selon débit, profondeur et position des poissons, un micro émerillon, mon corps de ligne en 0.14 avec soit un micro rigoletto, soit à l’étiage un brin de nylon d’une autre couleur, soit rien sinon mon corps de ligne est un tri-color.
Toujours, elle sert pour les belles prises en truite, pour tous les ombres qui dans la mesure du possible ne quittent pas l’eau, ou si la berge m’empêche tout simplement de prendre le poisson en main.
Waders, quasi toujours....
Absolument....
Je suis pour et je n’ai pas le choix ils sont de toute façon imposés par le règlement de la région wallonne (celui qui fixe le cadre minimum de la pêche dans ma région). Chaque société redoublant d’imagination pour jouter sa couche de règles locales.
Aucune idée... Important ça c’est sûr, mais quand on aime !!!!
Non. Pour bien pêcher il faut connaître les mœurs de son poisson cible et savoir lire l’eau, n’importe quel matos permet de prendre du poisson. Par contre, un matos technique, sensible, léger et adapté à ta pêche te fera prendre plus de poissons. En nymphe la perception des touches ou des coups de têtes ou de queue sur ta mouche va t’indiquer si tu pêche juste ou pas. Un matériel léger va moins te fatiguer, tu resteras concentré et efficace plus longtemps. Une bonne lanceuse te fera gagner 2 mètres de dérive en plus, ou te permettra d’atteindre les postes sans forcer, donc avec plus de précision, t’évitant nombre d’accrochage dans les arbres alentours, ou tout simplement te permettra d’attaquer les postes de plus loin, etc...
Je pense qu’un bon pêcheur prendra du poisson avec n’importe quel matériel, mais probablement plus encore et plus de plaisir avec un bon matériel que sans. Alors je ne sais pas si je suis un bon pêcheur au sens ou tu l’entends mais comme c’est le plaisir que je recherche et qu’en plus utiliser du beau matériel fait partie de mon plaisir alors !!!
Il y en a beaucoup, mais une grosse frayeur lors d’une partie de pêche fin novembre en wadding à la recherche de l’ombre dans la basse Lesse. Elle était « un peu » en crue, débit limite pour le wadding, une personne plus légère que moi n’aurait pas osé mettre un pied dans l‘eau à un moment, avec de l’eau jusqu’au milieu de la poitrine, j’ai glissé sur une dalle en pente, j’ai perdu pied et me suis fait tout bonnement emporter par le courant, jusqu’à ce que je me pause (ou m‘échoue, comme on préfère) sur ce qui était en temps normal une fin de plat, 20m plus bas. J’ai perdu deux boites de mouches et mon GSM dans l’aventure. Je n’ai heureusement pas lâché la canne. Il devait faire 2 ou 3 degrés dehors, j’étais complètement trempé et je suis arrivé frigorifié à la voiture, je suis depuis beaucoup plus prudent...
Il y en a beaucoup, mas si je dois en retirer un ce serait « Avec Dame Truite » de Léon Foche. Un ami me l‘a offert récemment, il avait tout compris ce Léon...
Mais il y a aussi Alphonse et puis un moucheur, dans un tout autre style, Christophe Noharet.
Dans les grands noms du Toc, Alphonse Arias bien sûr, sans hésiter, mais au fil du temps et des échanges virtuels il y en a d’autres moins connus (quoi que !!). Je pense à Gilles, Pascal, Stéphane, Leo et bien d’autres...
Une passion dévorante.
Elle comprend sans la partager ni accepter de passer au second plan, c’est donc une affaire de compromis...
Trop peu de femme pêche, nous aurions beaucoup à apprendre de leur sensibilité.
Je passe !!!
Les Pyrénées ou les Hautes Alpes.
Lis un peu, pêche beaucoup, ne te laisse pas entrainer par les modes.
Le Québec, ils parlent français, disposent de cours d’eau monstrueux et il a moyen de n’y croiser personne pendant 15 jours si je veux.
Oui
L’Ourthe en Belgique.
Je ne suis pas commitard dans une société de pêche, bien que cela m’ai été plusieurs fois proposé, car je le suis déjà dans un club de sport canin (passion partagée avec Madame) et si on veut le faire il faut le faire bien. Cela ne m’empêche pas de participer dès que je le peux aux actions menées par les sociétés dont je fais partie (nettoyage de berges, panneautage, levage d’embâcles, etc...)
Peut être dans les années qui viennent, sur une toute petite société proche de la maison, si je devais être sollicité.
Aucune idée, j’irai pêcher en lac, en étang, la carpe ou les gardons mais j’irai pêcher.
L’éducation canine « le dressage » de chien, mais je n’aime pas ce terme, car on éduque plus les maîtres que les chiens finalement.
Très faible prélèvement raisonné.
A titre personnel je m’impose un presque total no-kill... même si cela n’à pas toujours été le cas, mais disons que vu le nombre de poissons que je manipule par an j’adapte les techniques qui leur laisse le plus de chance, les manipules avec précaution et les remets à l’eau dans 99,9%. Mais deux ou trois truites par an terminent tout de même dans nos assiettes, la table est également un plaisir.
Si je dois dire deux choses à sujet ce sont celles-ci... Tout d’abord il est important de rester conscient que pêcher n’est pas un jeu et n’est pas anodin et prélever un poisson ou deux de temps en temps aide à « garder les pieds sur terre ». Ensuite, si je m’impose une règle par choix personnel, il est hors de question que j’en fasse la règle générale. Chacun pêche selon ses convictions et ses envies, dans le plus strict respect de la loi et des règlements locaux bien sûr.
Oui, bien sûr...
Vous ne vous rendez pas compte de la chance que représente la réciprocité, elle est totalement inexistante chez moi. Les sociétés sont morcelées et ne présente rarement plus de 3 ou 4km de linéaire. L’acquisition de multiples cartes de pêches représente un réel coût.
En Belgique, je pense que tout le monde fait du mieux qu’il peut, les idées ne sont pas toujours les meilleures mais il s’agit toujours de compromis. Je ne fais pas partie des décideurs et ne suis pas actif à ce niveau, donc je ne pense pas avoir droit à la critique...
Génial.
Oui
Difficile !!! Les territoires de la truite reculent de plus en plus, il y a de moins en moins d’eau et elle est de plus en plus chaude, j’espère pouvoir en profiter tant que je peux me déplacer dans ces milieux, mais je crains que sans prise de conscience mondiale collective (autant donc l’oublier) ça ne va pas bien se finir...
L’Homme scie la branche sur laquelle il est assis. Il n’a toujours pas compris que le profit n’est pas le seul moyen d’arriver à quelque chose.
Il est compliqué pour des décideurs d’agir sur le conseil d’experts, des vrais experts, sans oublier la dimension humaine des décisions prises. Encore une fois tout est affaire de compromis, mais il serait heureux que les décisions prises le soient plus sur de vraies études (avec du recul) et de vrais chiffres, plutôt que sur le seul sentiment du économiquement, politiquement ou écologiquement (selon le bord) correct du moment !!!
Merci à toi d’avoir pris le temps de répondre à ces quelques questions. Et surtout merci à tous mes lecteurs.