23 Novembre 2021
Cet article est tiré de mes constatations à l'issue des parties de pêche que j'ai pu faire de juin à septembre sur les diverses rivières de mon département. Ces parties de pêche se sont toutes déroulées durant des périodes matinales. En général, je coupais ma matinée en deux, la première partie étant faite pour la pêche aux vers de terreau et la seconde (fin de matinée) étant dédié à la pratique de la pêche à la mouche naturelle (j'attendais alors un peu plus de soleil et une eau avec quelques degrés supplémentaires). Je n'ai pas pu hélas essayer de comparer les deux appâts, sur des pêches d'après-midi ou des coups du soir. Et commencer alors par la pratique de la mouche naturelle, tout en gardant le vers de terreau comme suppléant au cas où.
Il faut savoir aussi que les rivières du Diois et du Vercors possèdent des températures d'eau assez froides en période estivale (en général aux alentours des 10 degrés), mais vous constaterez en lisant la suite de cet article que parfois le lien température / appât choisi, n'est pas un facteur déterminant de cette pêche à la mouche naturelle. J'ai aussi fait évoluer, cette mouche naturelle avec une plombée un peu plus conséquente, qu'une pratique avec un appât plus lourd (ex vers de terreau), rajoutant souvent un plomb de plus quand je pêchais à la mouche naturelle. Est-ce que j'aurais dû faire le contraire, afin de faire évoluer cet appât entre deux eaux plutôt que de vouloir lui faire absolument « gratter le fond » avec des pêches plus lentes. J'aurais peut-être du essayer des plombées plus légères, voit très légère, afin de prospecter les fins de coup et les bordures aux courants lents, comme le préconise dans son livre Christian Loubet (En pêchant les Pyrénées. J'aurais dû sans doute commencer à utiliser la mouche naturelle dès que ces dernières font fouettées la queue des vaches, c'est-à-dire en mai et je ne manquerais pas de m'y atteler la saison prochaine.
J'ai souvent évolué cette saison (2021) avec deux mouches sur l'hameçon, proposant aux truites des lieux un appât un peu plus conséquent, quand une seule mouche sur l'hameçon ne fonctionnait pas (je pense que la grosseur de l'appât quel qu'il soit est souvent corrélé avec la température de l'eau) cela a souvent été un facteur déclencheur, avec la prise de poissons respectables que je n'avais jamais pris avec un vers de terreau en guise d'appât (test réalisé sur une rivière que je pêche une fois/mois).
Cette année a été assez particulière, il faut bien ce le dire (je parle de ce que j'ai pu voir sur les rivières de la Drôme), le printemps a été copieusement arrosé, les rivières ne sont rentrées pratiquement en étiage qu'au mois de septembre, gardant en juillet et août une hauteur d'eau assez conséquente. Sans doute que le facteur de la hauteur d'eau est plus à prendre en compte que la température de l'eau pour utiliser la mouche naturelle et vous allez comprendre pourquoi en lisant ce qui suit.
J'ai le souvenir d'une matinée de pêche sur une petite rivière des montagnes du Vercors ou par une hauteur d'eau assez basse (la seule fois où j'ai pu la pêcher comme cela) et par une température d'eau à sept degrés, j'ai pris autant de poissons au vers de terreau qu'à la mouche naturelle (avec une seule mouche sur l'hameçon) commençant par le vers et finissant à la mouche avant que cette dernière n'intéresse, d'un coup plus les truites.
Je me suis posé aussi la question si l'altitude et la disposition de la rivière dans l'espace géographique n'était pas un facteur prépondérant, car à même température d'eau, mais altitude moindre, la mouche naturelle n'intéresser absolument pas les poissons des lieux. Sur une vingtaine de sorties réalisées, avec ces deux appâts, même si sur certaines j'ai réalisé de belles pêches avec des poissons plus gros pris à la mouche naturelle (même dans des endroits que j'ai l'habitude de pratiquer et où je n'ai jamais pris ce gabarit de poissons au vers de terreau), la mouche naturelle est restée bien en deçà de l'incontournable vers de terreau. En gros je faisais moins de poissons (en nombre), mais les poissons que je prenais surtout avec deux mouches, étaient bien plus gros en taille. Parfois même les résultats sont restés vierge de toutes prise et touches avec cet appât, jugé pourtant si redoutable sur la truite Fario.
Attention je ne fais pas le procès de l'appât (mouche naturelle) et je ne le mets pas au banc des accusés, bon nombre de pêcheurs lui vouent une passion sans limite et c'est un appât dont on ne peut se priver de la grande rivière au plus petit ruisseau (à lire l'excellent article de Marc Delacoste dans la revue « la pêche et les poissons » (septembre 2021), sur la pêche de la mouche naturelle en grande rivière avec Vincent Dubourg, nul doute que si vous avez vu cet article, vous aurez à constater que cette petite mouche d'élevage tirée du gozzer est un appât de choix même sur tous types de cours d'eau).
De toute façon sa réputation n'est plus à faire chez les pêcheurs de truites aux appâts naturels, mais même si sa pratique reste ludique et très agréable, je pense sincèrement que cet appât à vraiment ces limites, en tout cas dans les eaux froides des rivières du Vercors, la preuve est là avec mes constatations.
Quoi qu'il en soit et comme je le disais plus haut, cette pratique de la pêche à la mouche naturelle reste des plus ludiques, elle ne pardonne aucune faute de la part du pêcheur au ferrage. Il est intéressant de voir le comportement de la truite au passage de cet appât, chose qu'elle ne fait pas au passage d'un autre appât (vers par exemple). Même si les truites sortent comme des fusés pour se saisir de cet appât noir, la touche reste le plus souvent discrète et il faut bien suivre sa ligne et avoir le bon ferrage à la moindre anomalie de la ligne. Par contre, ce qu'il y a de bien avec cet appât c'est que dans la plus grosse partie des cas, la truite n'engame pas et se retrouve piquée sur le bord des lèvres (on n'oublie pas bien entendu d'écraser l'ardillon de l'hameçon).
Malgré qu'il faille, avoir de quoi faire l'élevage des mouches (rien de bien compliqué quant à la réalisation d'une boite d'élevage), malgré qu'il faille avoir un endroit où laisser cette boite (sinon madame ne va pas être d'accord), qu'il faille trouver des gozzers (détaillant de pêche), qu'il faille avoir de quoi transporter les dites mouches. Cette pêche est intéressante et je pense que je continuerais à chercher à avoir de meilleurs résultats avec en pêchant par exemple à d'autres moments de la journée, avec des plombées permettant de faire évoluer cet appât d'une autre façon que le vers de terreau, de pêche autrement histoire d'avoir plus de résultats positifs avec cet appât.
Vous l'aurez bien compris sur toutes mes sorties estivales, la mouche naturelle n'a rivalisé qu'une seule fois avec le vers de terreau, ce dernier restant sur mes rivières de la Drôme pratiquement indétrônable, je serais donc « bête » de ne pas pêcher avec surtout qu'il est de mars à septembre au menu de notre Fario, que son utilisation et son transport restent simple en action de pêche, il reste également disponible toute l'année dans les frigos des détaillants d'article de pêche....
Mais comme nous devons toujours avoir deux appâts lors de nos parties de pêche et que la pratique de la pêche avec une mouche naturelle reste vraiment intéressante, il ne faut surtout pas passer à côté de cet appât, comme beaucoup d'autres que nous pouvons utiliser à loisirs tout au long de nos saisons de pêche.
Quoi qu'il en soit et pour finir cet article, je suis et je resterais un indécrottable pêcheur aux vers à qui je porte une attention sans limite et sans borne, je ne pourrais pas partir sans lui lors d'une partie de pêche. Pour moi l'appât unique reste le lombric, d'autre porte leur attention sur la mouche, la teigne, l'asticot, mais l'essentiel dans tout cela reste de se faire plaisir au bord de la rivière avec la prise de quelques truites et d'un grand bol d'air pur.
A très vite.